Reminiscences
NYC Cinematic Collections
Reminiscences est une introspection.
Explorant les retours éphémères et impromptus d’images et de sensations égarées dans ma mémoire, elle se compose de plusieurs facettes.
C’est un chemin incertain dans mon subconscient, allant de sentiments de “déjà vus” en souvenirs, parfois non vécus, impalpables et flous, pourtant si prompt à resurgir au détour d’une nouvelle expérience de vie ou de voyage.
Ces multiples épisodes sont conçus au fil du temps, par vagues successives, et NYC Cinematic Collections en est le point de départ.
2005. Première visite new-yorkaise, le choc. Comme pour beaucoup de gens, cette sensation d’intime familiarité.
Enveloppé d’une culture américaine de masse, rapportée par l’image, souvent le cinéma, j’aurais presque pu décrire à l’avance ce que je découvrais à peine.
Ces images mentales new-yorkaises s’étaient accumulées en moi, sans que je le soupçonne. Je les avais ingurgitées, digérées, oubliées. Avant même ce premier voyage, elles faisaient partie de mon histoire.
Presque à mon insu, elles me constituaient un peu.
Je ne cesse depuis de me laisser guider par cette sensation, confuse, d’intimité à la ville.
J’y retourne régulièrement, et tente de capturer ces particules d’elle en moi. Je fouille à voix basse cette mémoire inconsciente, tentant de rentrer en résonance avec ces traces enfouies. En en créant aussi, par ce même exercice, de nouvelles.
Démarche.
Le souvenir est absolument limpide quand il resurgit par lui-même, mais reste souvent indéchiffrable quand on tente de se le remémorer.
Il se nourrit de sensations et de détails, issus de situations précises, mais se lisse avec le temps, s’épure sans consentement.
Pour mener à bien cette étude je veux placer l’œil en retrait du processus.
Le sténopé apparaît alors comme l’instrument de capture idéal. Un cerveau sensible, libéré de son corps, de sa conscience et de son environnement.
Cet outil n’est pas précis. Sans diaphragme ni lentille, l’appareil photographique en est réduit à sa plus simple expression. C’est avoir un œil mi-clos et se laisser pénétrer complètement par ce que l’on distingue à peine.
Emmagasineur d’émotions, il se détache de ma subjectivité et de toute technique superflue.
Il m’aide à ralentir le temps, le cadencer, disposer d’une image, s’y appesantir, la laisser émerger sans pouvoir se figurer ce à quoi elle ressemblera.
Il fige la trace mnésique brute, la figure comme existante, la rend réelle, en une image presque instinctive.
Puis le temps passe.
Entre la prise de vue et le développement des films, une phase, parfois longue, a lieu : en même temps que l’image, sur son support, reste latente, le souvenir vécu se niche et s’enfouit en inconscient.
Deux mécaniques parallèles opèrent, pendant lesquelles l’instant capturé est en maturation. L’une est concrète et physique, chimique, l’autre complètement subjective et inconsciente.
Et l’image, enfin fixée, sera une représentation possible de ces deux enregistrements simultanés.